J’ai failli passer une mauvaise journée

Salut Jeannine, tu vas bien? Je sais, ça fait longtemps. Je te demande toute ton indulgence, j’ai voulu venir mille fois mais ma vie de dingue m’en a empêchée. Mais j’ai passé hier une journée qui mérite qu’on suspende le temps (#teaserdeouf).

Ca a commencé avant-hier soir pour être précise. Figure-toi que j’ai pensé, sur le chemin de retour du taf, que je n’avais jamais changé mon mot de passe de téléphone. JAMAIS tu m’entends??? Sitôt réalisé cette énormité, j’ai décidé d’y remédier. Arrivée à la maison, je me suis saisie de mon appareil (y a pas d’allusion grivoise) et j’ai cherché comment qu’on fait pour changer le mot de passe. Et là, miracle de la vie, j’ai découvert que la technologie avait beaucoup de choses à m’offrir, et notamment au moins trois techniques pour me créer un nouveau mot de passe. J’étais toute excitée (toujours pas d’allusion).

D’abord il y avait le « schéma »: rien que le mot, j’avais l’impression d’être Sydney Bristow.

L'héroïne de la fameuse série tv Alias
Sydney Bristow

Pour les plus jeunes qui ne comprennent pas la référence… allez vous pendre.

J’étais en transe, j’avais l’impression d’être un agent secret qui doit rentrer un « schéma » pour débloquer son portable. Trop la classe. Donc je laisse tomber le code à chiffres, so Derrick, et j’opte pour le schéma. Je crée mon schéma, bien compliqué pour que les autres agents secrets de ma vie imaginaire n’arrivent pas à le déchiffrer et à découvrir mes secrets (que en fait j’ai des chaussons fourrés pour les longues soirées d’hiver ou des trucs comme ça). Je le regarde longuement pour le mémoriser (il était 18h30 donc je n’étais pas ivre) puis je passe à autre chose. Le téléphone se met en veille, moi en action car il était temps de partir à la danse.

Arrivée dans ma voiture, je fais mon schéma pour débloquer mon téléphone. Mauvais schéma. Je le refais. Re mauvais schéma. Troisième tentative: encore mauvais schéma. « Trois essais infructueux. Attendez dix minutes avant de recommencer » il me dit. Je l’ai pris comme un affront, genre tu crois que je ne peux pas me passer de toi. Tu vas te détendre mon grand.

Arrivée à la danse j’ai réessayé. En vain. « Trois essais infructueux. Attendez vingt minutes avant de recommencer ». Ouh la, ça se corse!! Vingt minutes? On est dans la surenchère Jean-Claude. Tu crois que je vais me mutiler parce que je ne peux pas t’utiliser pendant vingt minutes?! C’est bien mal me connaître. Après la danse j’ai retenté le coup. Re en vain. « Trois essais infructueux. Attendez une heure avant de recommencer ». Bon là, j’en ai eu un peu marre. J’ai pensé à Sydney Bristow, que si elle avait merdé avec son code, elle serait morte dans une geôle miteuse au fin fond de la Sibérie; moi j’en étais pas là mais franchement j’étais pas confort. J’ai repris ma voiture pour rentrer, j’ai voulu me mettre un petit Transfert pour me consoler. Mais j’avais plus de téléphone.

Je me suis couchée en me promettant de résoudre ce léger souci dès potron-minet et promesse à moi-même tenue, le lendemain, hier donc, j’étais devant la boutique de téléphonie mobile la plus proche. « En dix minutes c’est réglé » j’ai pensé. Je ne m’étais pas trompée, sauf que le Monsieur de la boutique, quand je lui ai fait part de la situation, il m’a regardée comme si j’étais le premier bras cassé à avoir bloqué son téléphone. Il était étonné mais n’a pas exprimé une once d’empathie à mon encontre. Il m’a laissé lui expliquer mon problème et à la fin, il m’a dit, avec un calme olympien de Nord-Coréen : « Désolé, il n’y a rien à faire. Il faut que j’efface tout ce qu’il y a dedans pour le débloquer ». Et sans un scrupule, Kim Jong-un, il a effacé tout le contenu de mon téléphone.

Je suis repartie de là, en retard pour le boulot et avec un téléphone vierge. Comme je ne suis pas du genre à m’attarder sur les cailloux que la vie met parfois sur mon chemin, j’ai lancé une musique qui me met en joie et j’ai chanté très fort dans la voiture (technique extrêmement efficace dans les moments de détresse). C’est vers le deuxième couplet que j’ai réalisé que je n’avais plus d’essence. Qu’à cela ne tienne, on n’était plus à dix minutes, j’ai bifurqué vers la station la plus proche. En arrivant, parce qu’on n’était pas non plus à un caillou près, j’ai découvert que l’accès aux pompes était obstrué par des camions qui les remplissaient. « Obstrué mais pas totalement bouché », ai-je encore pensé, affûtée que je suis. « Il reste un passage: tentons le coup »: j’ai jaugé que c’était possible que je puisse m’introduire. C’était mal jaugé.

J’ai entendu un long « pschiiiiiiiiiiiiit »: c’était le pneu arrière droit. Il était crevé et surtout je ne savais pas comment manoeuvrer pour me sortir de cette ornière. J’ai passé de longues secondes à tourner le volant dans un sens puis dans l’autre, reculer, avancer: immanquablement la voiture heurtait de nouveau le présentoir en métal à huiles de refroidissement. Je commençais à perdre espoir, en plus ma chanson était finie depuis longtemps, quand un Monsieur, percevant ma détresse, s’est proposé de me changer le pneu. J’ai accepté immédiatement, non pas que j’accepte facilement qu’on me change le pneu, mais là franchement, c’était trop tentant. Il a démonté et remonté en cinq minutes, j’ai pu repartir et, tandis que je cherchais une nouvelle chanson pour fêter ma victoire, j’ai trouvé ma résolution 2019: arrêter de me prendre pour un agent secret.

8 réflexions sur “J’ai failli passer une mauvaise journée

  1. Alala j’ai rigolé aussi mais je t’admire et j’admire ton calme !
    Je pense que j’aurais jeté le téléphone par terre et que j’aurais fait une crise d’hystérie dans le magasin…
    C’est fou comme les vendeurs peuvent toujours faire genre tu es le seul extra-terrestre à qui sa arrive…

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