Te laisser partir

Des coeurs roses qui s'envolent vers le ciel

Ça n’est plus qu’une question de jour.

Des mois que tu nous supplies, que tu dis que tu en as marre, que tu veux que ça s’arrête. Des mois que tu prends sur toi, que tu absorbes les coups en serrant les dents. Que tu gueules, ou que tu te forces à sourire pour nous donner un peu de réconfort.

Mais cette fois-ci, tu en as marre.


Trop marre pour sourire, pour donner le change, pour continuer à lutter. La douleur s’est accrue, le temps n’est plus qu’une lente agonie, et plus rien, pas même l’amour que tu as pour ta femme ou pour nous tes enfants, ne justifie que tu la supportes.

Je comprends Papa. Pas une seconde je ne t’en veux. Et même je te suis incroyablement reconnaissante d’avoir serré les dents pendant 3 ans. Tu nous as fait gagner 3 ans. Trois ans de plus, volés à cette connasse de maladie qui a décidé de te faire partir à 67 ans.

Merci Papa d’avoir lutté pour rester plus longtemps. Ça nous a permis de vivre des moments qu’on n’aurait sans doute pas vécus si on avait eu la naïveté de vivre normalement. Là non, on n’a pas vécu normalement. On a profité plus que de raison, on s’est vus beaucoup, on s’est regardés fort, on s’est serré dans les bras, on s’est dit « je t’aime », on a bouffé des huîtres et du caviar, bu du bon vin et on a ri, souvent. On a parlé un peu aussi.

On n’est pas une famille à se dégueuler des confidences mielleuses, on est plutôt du genre pudique. Mais tous les 4, pendant ces trois ans, on se sera montré par tous les moyens à quel point on s’aime.

Tu peux partir Papa. Tu vois, on t’aime même au point de supplier les médecins de te laisser partir. Sans déconner, si on m’avait dit ça un jour…

Tu peux partir Papa. On continuera à te raconter, à te sourire et à t’aimer, où que tu sois.

15 réflexions sur “Te laisser partir

  1. Très beau témoignage d’amour, ayant connu il y a fort longtemps un passage de vie similaire, je sais oh combien comme ce qui peut sembler être de l’extérieur un soulagement, n’est pas que cela, c’est un acte d’amour et d’immense respect que de laisser s’en aller ceux que l’on chérit pour qui, la maladie fût longtemps une adversaire souvent sans pitié.

    Toutes mes pensées t’accompagne ainsi que tes proches, la vie n’est qu’un passage mais le cœur va au delà et continue de faire vivre ceux qui s’en sont allés.

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  2. Très beau texte. Qui fait écho… J’ai vécu la même chose avec mon Papa il y a 2 ans. Avant la maladie, je pensais ne jamais pourvoir survivre au décès d’un de mes parents. Et puis la maladie. Qui dure. Et tout doucement, se faire à l’idée. Et les derniers mois si difficiles, accepter qu’il s’en aille. Et surtout qu’il s’en aille dans les meilleurs conditions possibles. Sans trop de souffrance. Et entouré. Ça a été le cas, nous avons eu beaucoup de chance. Et toujours me souvenir des mots de ma sœur juste après son dernier souffle : « il a réussi! ». Oui, il a réussi à partir sereinement, après nous avoir dit à chacune au revoir.
    Courage. Ce sont des moments difficiles mais aussi très forts et qui peuvent renforcer le lien entre ceux qui restent.

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