Se débarrasser de ses cadeaux

Dis-moi Jeannine, on approche dangereusement de Noël, j’aimerais qu’on statue sur une question épineuse : qu’est-ce qu’on fait des cadeaux qu’on n’aime pas ? Comment on se situe par rapport à cet épisode récurrent ? Les écharpes qui grattent avec des grelots au bout, les bibelots ringards, les livres qu’on ne lira jamais : où qu’on les met ?

J’imagine que la plupart des gens ont leur réponse mais moi, je tergiverse encore.

On les revend, tu dis ? Les temps sont durs et y a pléthore de sites dédiés. En plus ça fera forcément des heureux. C’est une bonne action. En même temps, des gens qui aiment les écharpes qui grattent, y en a t-il ? Par ailleurs, est-on à l’aise à l’idée de se faire de l’argent avec un cadeau qu’on a reçu ? C’est pas vraiment esprit de Noël ça, si ?

Donc option suivante : on les utilise. On met, on expose, on porte les cadeaux moches. Alors là on est à l’autre bout du prisme, du côté d’un Pierre qui reçoit le gilet-serpillère de Thérèse. On n’aime pas mais charité-générosité-amour de l’autre et respect du cadeau reçu, on prend sur soi et on honore celui qui s’est décarcassé. Ca implique de mettre sur l’étagère du salon le cendrier en forme de hotte du Père Noël. Rien que de l’écrire, j’ai des frissons. Et ça m’amène à me questionner sur l’immensité de mon amour de l’autre. Je ne crois pas en avoir suffisamment en moi pour flinguer la déco de mon salon.

Dernière option : on garde les cadeaux et on les cache. Ca tient un peu du même principe que de dire du mal de quelqu’un qui n’est pas là en se consolant du fait qu’il n’entend pas : tu caches le cadeau et tu le ressors quand son auteur te rend visite. Ca marche, en revanche c’est très mauvais pour le karma.

Je vois que je n’ai toujours pas avancé sur la question et ça me désole sur mon immobilisme. J’envie les gens qui tranchent et assument. Moi, mon seul progrès en la matière ces dernières années, c’est d’oser désormais abandonner un livre. Avant, je m’escrimais à finir un bouquin même si je ne prenais aucun plaisir à le lire. Par respect pour le travail. En vieillissant, je me suis ramollie (sur l’exigence, pas physiquement, t’emballe pas Jeannine). Il m’aura fallu 30 ans pour m’autoriser cette transgression. Oui, c’est chaud mais on progresse.

Joyeux Noël !

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