Je t’aime, Monsieur

Pour mes 20 ans, ma meilleure amie m’a offert un ensemble de lingerie sublime. Blanc avec de la dentelle, il était destiné à me soutenir dans ma conquête de l’amour.

Pour mes 43 ans, elle m’a offert un Monsieur Cuisine.

Qu’étais-je censée comprendre ?

Que ma vie était finie, en effet.

Ma vie sexuelle du moins.

C’est un cadeau que j’ai reçu comme un message assez limpide qui disait en substance: « Range-toi des voitures ma grande, ton temps est passé. Mets-toi au clafoutis ».

J’étais amère pire que Manuel Valls qui rate un poste de ministre.

En plus « Monsieur » cuisine. Genre. Pourquoi pas « Monsieur pense à ranger le linge » tant qu’on y est.

Soyons lucides, écrivons « Madame cuisine » et vantons le fait que ce robot lui permettra de préparer tartes aux pommes, risottos et autres veloutés en un rien de temps, puis de mettre à profit ce temps gagné pour vider le lave-vaisselle et passer l’aspirateur.

Bande de vicieux.

Mais le temps a passé et Monsieur me faisait de l’oeil. Je lui ai tourné autour, j’ai scrollé des comptes Insta bourrés de recettes alléchantes et réalisables en une nanoseconde. Tout d’un coup, un monde s’offrait à moi, un monde des possibles. J’ai résisté tant que j’ai pu mais un jour je lui ai sauté dessus : je voulais le tester et voir de quoi il était capable. Gagner du temps, non pas pour faire le ménage, mais pour lire le ELLE me semblait quand même une bonne raison de lui ouvrir le couvercle. Et ce fut une révélation.

Un cataclysme dans ma vie. Car cet objet, Messieurs-Dames, n’est rien moins qu’un prodige. Imaginez-vous : vous ne coupez plus les légumes, vous n’émincez plus les oignons, vous ne mixez plus, vous ne salissez plus de casseroles, Monsieur s’occupe de tout !!! C’est tout bonnement l’accessoire qu’il vous manquait et dont vous ne pourrez plus vous passer.

Oui Jeannine, je m’entraîne parce que je crois tellement à mon produit que j’ambitionne de le vendre dans des réunions à domicile. Je me demande même comment j’ai pu vivre sans lui jusqu’ici. Maintenant que je le pratique, je ne comprends plus l’intérêt de faire sans. C’est comme la péridurale, la direction assistée ou les sextoys : pourquoi Diable s’en passer ? Pour militer ? Soyons sérieux.

Bon je te laisse. J’ai 14 secondes, je vais aller me faire un velouté.

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